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Un dispositif médical, quésako?

Sophie HENRY • mai 07, 2020

Alors que les Etats-Unis se sont dotés d'une législation sur les dispositifs médicaux dès les années 70 après que soient survenus des problèmes sanitaires, l'Union européenne n'a encadré cette famille de produits de santé qu'à partir des années 90.

La notion de dispositif médical - jusque-là inconnue du langage français - s'est imposée à la faveur de l'élaboration d'un statut juridique commun, destiné à englober des appareils ou des objets, dont les différences apparaissent au premier abord, plus manifestes que les ressemblances. Cette famille englobant en effet à la fois des pansements, des appareils d'imagerie médicale, des implants stériles, des produits de contraception, des logiciels autonomes...


Le secteur du dispositif médical représente en France un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 30 milliards d'euros. Les dépenses relatives aux dispositifs médicaux connaissent une dynamique de croissance particulièrement soutenue (plus de 5% de croissance moyenne annuelle sur les dernières années), alors que celles du médicament subissent une stagnation. Les moteurs de cette croissance sont principalement liés au vieillissement démographique, à l'évolution épidémiologique (prévalence des maladies chroniques) et au progrès technologique (développement informatique, électronique et biologique).


Nouvelle définition

Selon le RDM 2017/745 la définition du «dispositif médical» donnée à l'article 2 est la suivante:

«dispositif médical», tout instrument, appareil, équipement, logiciel, implant, réactif, matière ou autre article, destiné par le fabricant à être utilisé, seul ou en association, chez l'homme pour l'une ou plusieurs des fins médicales précises suivantes:

 — diagnostic, prévention, contrôle, prédiction, pronostic, traitement ou atténuation d'une maladie,

 — diagnostic, contrôle, traitement, atténuation d'une blessure ou d'un handicap ou compensation de ceux-ci,

 — investigation, remplacement ou modification d'une structure ou fonction anatomique ou d'un processus ou état physiologique ou pathologique,

 — communication d'informations au moyen d'un examen in vitro d'échantillons provenant du corps humain, y compris les dons d'organes, de sang et de tissus,

 et dont l'action principale voulue dans ou sur le corps humain n'est pas obtenue par des moyens pharmacologiques ou immunologiques ni par métabolisme, mais dont la fonction peut être assistée par de tels moyens.


 Les produits ci-après sont également réputés être des dispositifs médicaux:

 — les dispositifs destinés à la maîtrise de la conception ou à l'assistance à celle-ci,

 — les produits spécifiquement destinés au nettoyage, à la désinfection ou à la stérilisation des dispositifs visés à l'article 1er, paragraphe 4, et de ceux visés au premier alinéa du présent point.


Composée d'une partie matérielle et d'une partie fonctionnelle, cette définition reprend donc largement celle établie par la directive 93/42/CEE. Les nouveautés concernent principalement:

- Les réactifs (chimiques uniquement) et les implants qui sont clairement intégrés à la définition,

- La liste de produits "dispositifs médicaux par destination" qui a été revue.


Les réactifs relèvent en principe de la catégorie des DMDIV, au sens du RDM 2017/746, dès lors qu'ils sont destinés à être utilisés in vitro dans l'examen d'échantillons provenant du corps humain, en vue de fournir une information concernant un processus physiologique, pathologique, une déficience congénitale; permettant de définir, de contrôler des mesures thérapeutiques, ou de déterminer la sécurité d'un traitement pour des receveurs. Si un dispositif vise à communiquer des informations biologiques obtenues au moyen d'un examen in vitro d'échantillons provenant du corps humain (grâce à un biocapteur), il sera toutefois regardé comme un dispositif médical au sens du RDM 2017/745: la partie "réactif" étant soumise au droit des DMDIV, le dispositif communicant étant régi en tant que dispositif médical.


A noter que la définition du dispositif médical se distingue principalement de la définition qu'en donne la législation fédérale des Etats-Unis (section 201 (h) de la Food, Drug & Cosmetic Act), par le fait :

              - qu'elle s'applique uniquement à un usage chez l'homme (les produits vétérinaires sont exclus du champ),

              - qu'elle ne fait aucunement référence à la Pharmacopée. 


Produits également couverts par le RDM 

Il est nécessaire de bien évaluer son produit et les indications revendiquées afin de s'assurer qu'il n'entre pas dans le champ d'application du RDM 2017/745. En effet sont aussi couverts:

 - Les produits n'ayant pas de destination médicale figurant à l'Annexe XVI

          ATTENTION : La liste pourra être amenée à évoluer!

- Les accessoires de dispositifs médicaux,

- Les composants de remplacement si changement considérable des performances du DM,

- Produit utilisé pour l'administration d’un médicament (si ne forme pas un produit intégral unique),

- Produit incorporant un médicament ou une substance, si action secondaire,

- Dispositifs sur mesure mais ATTENTION la définition a été modifiée et devient la suivante:

«dispositif sur mesure», tout dispositif fabriqué expressément suivant la prescription écrite de toute personne habilitée par la législation nationale en vertu de ses qualifications professionnelles, indiquant, sous sa responsabilité, les caractéristiques de conception spécifiques, et destiné à n'être utilisé que pour un patient déterminé et exclusivement en réponse aux besoins et à l'état de santé de ce patient.


Catégories de dispositifs

Il existe différentes catégories de dispositifs médicaux à partir desquelles la classe de risque va être définie, en fonction également du type et de la durée de contact:

- les dispositifs non invasifs;

- les dispositifs invasifs: tout dispositif qui pénètre en totalité ou en partie à l'intérieur du corps, soit par un orifice du corps, soit à travers la surface du corps

- les dispositifs actifs: tout dispositif dont le fonctionnement dépend d'une source d'énergie autre que celle générée par le corps humain à cette fin ou par la pesanteur et agissant par modification de la densité de cette énergie ou par conversion de celle-ci. Les logiciels sont aussi réputés être des dispositifs actifs. En revanche, les dispositifs destinés à la transmission d'énergie, de substances ou d'autres éléments, sans modification significative, entre un dispositif actif et le patient ne sont pas réputés être des dispositifs actifs. 

Les dispositifs implantables sont eux définis comme étant "tout dispositif, y compris ceux qui sont absorbés en partie ou en totalité, destiné:

 — à être introduit intégralement dans le corps humain, ou 

 — à remplacer une surface épithéliale ou la surface de l'oeil, par une intervention clinique et à demeurer en place après l'intervention. 

Est également réputé être un dispositif implantable tout dispositif destiné à être introduit partiellement dans le corps humain par une intervention clinique et à demeurer en place après l'intervention pendant une période d'au moins trente jours.

par Sophie HENRY 07 mai, 2020
Description des grandes étapes à suivre pour pouvoir obtenir le marquage CE d'un dispositif médical suivant le règlement 2017/745 et ainsi accéder au marché de l'Union Européenne.
par Sophie HENRY 07 mai, 2020
Qu'il soit lié à une logique de maîtrise des coûts ou qu'il réponde à un besoin de compétences et de ressources non disponibles au sein de l'entreprise, le recourt à de la sous-traitance et à des fournisseurs critiques est de plus en plus nécessaire et fréquent dans l'industrie des dispositifs médicaux. En effet, cette catégorie de produits bénéficie d'avancées technologiques qui les rendent plus complexes que ce soit dans leur mode de conception, de fabrication ou de fonctionnement. Bureaux d'études travaillant sur le développement et la validation de logiciels, fabrication additive, revêtements et traitements de surface, "tissus intelligents", essais visant à démontrer les performances du produit, autant d'exemples où la sous-traitance peut s'avérer nécessaire. Ainsi les résultats du Panorama HealthTech 2019 montrent que 80% des entreprises de HealthTech font appel à de la sous-traitance notamment en matières de développement clinique (43%), R&D (38%), fonctions de support (37%) et de production et services ( 36%). Le fabricant d'un dispositif médical, au sens réglementaire du terme, doit pouvoir démontrer que les activités externalisées lorsqu'elles ont un impact sur la conformité du produit aux exigences, sont surveillées et maîtrisées. Il reste responsable de la conformité aux exigences de la norme EN ISO 13485:2016, aux exigences du client et aux exigences réglementaires applicables. En Europe, s'applique actuellement la recommandation 2013/473/UE de septembre 2013 qui mentionne que: "Les directives 90/385/CEE, 93/42/CEE et 98/79/CE ne prévoient aucune dérogation dans l’hypothèse où la production est sous-traitée et non réalisée en interne. Il convient donc, dans certains cas dûment justifiés, de prévoir l’application des procédures d’évaluation de la conformité aux principaux sous-traitants et fournisseurs." Et le règlement (UE) 2017/745 entré en vigueur, mais dont la date d'application obligatoire à été reportée en mai 2021 , mentionne à l'article 10 que le système qualité doit contenir des dispositions pour la gestion des ressources, et notamment la sélection et le contrôle des fournisseurs et sous-traitants. Les fournisseurs et sous-traitants peuvent ainsi être amenés à être audités par l'organisme notifié lorsque la conformité des dispositifs finis est nettement influencée par les activités des fournisseurs et , en particulier, lorsque le fabricant ne peut apporter la preuve d'un contrôle suffisant sur ses fournisseurs ; et inspectés de façon annoncée ou inopinée par l'autorité compétente. Bien sélectionner et suivre son sous-traitant c'est aussi un moyen de réduire le temps d'accès au marché pour son dispositif médical. Comment dès lors bien maîtriser les activités sous-traitées? La méthode pour déterminer les contrôles à effectuer sur les produits et services obtenus des fournisseurs comprend généralement les 6 phases suivantes qui ne sont pas purement séquentielles: Identifier les besoins et planifier Sélection de(s) fournisseur(s) potentiel(s) Evaluation et qualification du fournisseur Finalisation des méthodes de contrôle Livraison, mesure et suivi Retours fournisseur et communication
report de 12 mois du Règlement (UE) 2017/745
20 avr., 2020
Dans le contexte d'urgence imposé par le COVID-19, le Parlement vote en faveur de la proposition de la Commission pour le report de 12 mois du Règlement (UE) 2017/745 .
Covid 19 : Création de deux nouvelles catégories de masques à usage non sanitaire
par Sophie Henry 12 avr., 2020
Avec la pénurie de masques liée à la crise sanitaire COVID-19, une nouvelle catégorie de masques a été introduite : les masques dits « barrières ». Ces masques répondent aux besoins de l’urgence sanitaire et le niveau d’exigences en termes de performances est moins élevé que pour : - les masques chirurgicaux , qui sont des dispositifs médicaux et qui ne protègent pas le porteur d’une possible contamination, mais lui permettent de ne pas contaminer son entourage. Les masques chirurgicaux sont des dispositifs médicaux de classe I qui doivent répondre aux exigences de la Directive 93/42/CEE ou du Règlement 2017/745 et être conformes à la norme NF EN 14683+AC:2019. En fonction de leur efficacité de filtration, la norme classe les masques en trois catégories : Type I filtre un minimum de 95% des bactéries Type II filtre plus de 98% des bactéries Type II « R » filtre plus de 98% des bactéries et est résistant aux projections - et les masques FFP2 , qui sont conçus pour protéger le porteur à la fois contre les risques d’inhalation d’agents infectieux transmissibles par voie aérienne et du risque de transmission par gouttelettes. Les masques FFP2 rentrent dans la catégorie 3 des Équipements de Protection Individuel couverts par le Règlement 2016/425, et l'intervention d'un organisme notifié est requis dans la procédure d'évaluation de leur conformité permettant l'obtention du marquage CE. Ils doivent être conformes à la norme NF EN 149:2006+A1:2009. Les masques FFP2 filtrent au moins 94 % des aérosols (fuite totale vers l’intérieur< 8 %). Dans le contexte de la pénurie de masques due à la pandémie, et indirectement à l'insuffisance des politiques publiques en terme de prévention, ces deux catégories de masques sont réservées aux professionnels. En France, faisant suite à la recommandation de la Commission européenne 2020/403 du 13 mars 2020 , les ministères de l’Économie et des Finances, du Travail, et de l’Action et des Comptes publics ont pris le 27 mars 2020 une circulaire autorisant jusqu’au 31 mai 2020 l’importation et l’usage en France de masques chirurgicaux aux normes américaines et chinoises, ainsi que les masques FFP2 aux normes américaines, chinoises, australiennes, néo-zélandaises, coréennes et japonaises pour tous les professionnels. Les masques « barrières » sont eux destinés au grand public et notamment à toute personne saine ou asymptomatique et n’étant pas en contact avec des personnes présentant des symptômes d’infection. Les masques barrières ne sont soumis à aucune évaluation de conformité par un laboratoire ou un organisme notifié. L’ANSM, dans son avis du 24 mars 2020 , considère que les masques alternatifs en tissu peuvent être classés en 2 catégories d’usage : 1. Masque individuel à usage des professionnels en contact avec le public (hôtesses de caisses, agents des forces de l'ordre), devant démontrer une efficacité de filtration d’au moins 90 % pour des particules de 3 µm émises par la personne portant le masque. 2. Masque de protection à visée collective pour protéger l'ensemble d'un groupe portant ces masques (entreprise, service, bureau), pouvant admettre une efficacité de filtration d’au moins 70% pour des particules de 3 µm émises par la personne portant le masque. Accédez au tableau des producteurs et aux résultats des tests (mis à jour le 24 avril 2020 à 20h46) Le peu d’études scientifiques sur les performances de filtration des masques en tissu montrent une efficacité de filtration inférieure à celle des masques chirurgicaux. En milieu de soins, le dernier avis de la SF2H (date du 14 mars ) recommande « de ne pas utiliser d’autres types d’écrans à la place des masques chirurgicaux (ex. masques en tissu, masques en papier, chiffons noués derrière la tête), du fait de données scientifiques concernant leur efficacité (étanchéité) très rares ». Pour aider les fabricants, l’AFNOR a proposé un guide d’exigences minimales pour les masques barrières, disponible librement au téléchargement ( AFNOR SPEC S76-001 ); cependant la plupart des masques se disant masques barrières disponibles aujourd’hui à la vente ne répondent pas à ces spécifications et ont donc des capacités de filtration encore inférieures. Il convient en particulier d’être vigilant aux modèles très répandus comportant une ou plusieurs coutures verticales, le long du nez, de la bouche et du menton. Cette solution n’a pas été retenue par les experts lors de la rédaction de l’Afnor Spec (risque de fuite par la couture). L'Afnor Spec fournit les patrons de masques barrières pour une fabrication en série et en confection artisanale, ainsi que la liste des matériaux recommandés pour leur confection. L'efficacité des masques barrières après plusieurs lavages pose question, et n'est pas sans risques. L'ANSM a fixé le cycle de traitement complet suivant afin de garantir une élimination des virus du type du SARS-CoV-2 mais également d'autres microorganismes potentiellement pathogènes: - Lavage en machine avec produit lessiviel adapté au tissu avec au minimum un plateau de 30 minutes à 60°C - Un séchage mécanique - Un repassage à une température de 120/130°C Il est malheureusement probable que les particuliers n'aient pas facilement accès à l'ensemble des informations nécessaires, les constructeurs de machines à laver communicant davantage sur la durée totale du cycle de lavage. AVERTISSEMENT Le masque barrière n’exonère absolument pas l’utilisateur de l’application des gestes barrières complétés par la mesure de distanciation sociale qui sont essentiels.
Dispositifs médicaux réutilisables au bloc opératoire
par Sophie HENRY 03 avr., 2020
Dans le contexte d'urgence imposé par le COVID-19, la Commission va soumettre début avril une proposition de report de 12 mois du Règlement (UE) 2017/745 .
Liste des normes harmonisées DIR dispositifs médicaux 93/42/CEE
par Sophie Henry 01 avr., 2020
Les trois listes des normes harmonisées pour les directives 93/42/CEE (DDM), 90/385/CEE (DDMIA) et 98/79/CE (DDIV) ont été actualisées au Journal officiel de l'Union européenne le 25 mars 2020, par trois décisions d’exécution de la Commission.
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